En 2024, les avancées dans le domaine de la nutrition équine soulignent clairement l'influence de la composition du régime alimentaire et des méthodes d'alimentation sur la santé digestive et le comportement du cheval. Avec l'approfondissement de notre compréhension du système digestif équin, il est d'un intérêt croissant d'analyser comment des stratégies alimentaires spécifiques impactent l'utilisation des nutriments, la diversité microbienne, les fonctions métaboliques et, par conséquent, le bien-être général de l'animal. - - Comprendre et prédire la quantité de fourrage qu'un cheval consomme volontairement (la consommation volontaire de matière sèche de fourrage, ou VFDMI) est fondamental pour orienter les recommandations et les stratégies alimentaires. À l'heure actuelle, les estimations utilisées pour prédire la consommation volontaire quotidienne sont souvent très générales. Elles se basent principalement sur le statut physiologique et le poids de l'animal, mais ne tiennent pas compte de nombreux facteurs alimentaires critiques. - - Des estimations de consommation inexactes peuvent entraîner une sous-alimentation ou une suralimentation en nutriments. L'impact de cette imprécision est majeur sur la santé de l'animal et sur l'environnement. Il a été fréquemment rapporté que les régimes équins sont souvent suralimentés en macronutriments comme l'énergie ou les protéines brutes. - - Objectif de la recherche - - L'objectif de l'étude était de synthétiser les connaissances actuelles sur la VFDMI, d'identifier les facteurs déterminants, et d'élaborer des équations empiriques permettant de prédire la VFDMI avec une grande précision et exactitude. Ces nouvelles données permettent de mieux adapter les pratiques alimentaires aux besoins physiologiques et aux comportements naturels du cheval - - - - Les déterminants scientifiques de la consommation volontaire de fourrage - - Grâce à l'analyse des données extraites de 61 publications scientifiques, les chercheurs ont pu identifier les facteurs principaux et quantifiables qui modulent la VFDMI. - - Les modèles les plus efficaces pour prédire la consommation de fourrage prennent en compte une combinaison de facteurs : - - 1. La qualité et le type de fourrage (graminée, légumineuse ou mélange). - - 2. La catégorie d’animal (cheval ou poney). - - 3. Le mode de vie et les conditions de gestion (par exemple, l’accès au pâturage). - - - - La qualité du fourrage, indiquée par sa teneur en Protéine Brute (CP) ou en Fibre au Détergent Neutre (NDF), est un prédicteur clé de la VFDMI dans tous les modèles développés. Les chevaux mangent généralement davantage lorsqu'ils reçoivent un fourrage de meilleure qualité. De plus, il a été observé au niveau univariable que les fourrages à dominante de légumineuses entraînaient une consommation volontaire plus élevée que les fourrages à dominante de graminées. Les légumineuses (qui contiennent en moyenne 5 % de CP de plus et 24 % de NDF de moins dans la base de données analysée) sont souvent plus digestibles et potentiellement plus appétentes. - - Les différences poids-taille : chevaux versus poneys - - Le poids corporel (BW) est le facteur lié à l’animal qui influence le plus la VFDMI. En règle générale, les chevaux de plus grande taille mangent davantage en quantité totale (kg/j). - - Cependant, l'étude met en évidence une nuance cruciale : - - • Les poneys ingèrent proportionnellement plus de fourrage par rapport à leur poids corporel (g/kg de poids corporel) que les chevaux. - - • Les poneys ont montré un taux d'augmentation de la VFDMI plus important par kg de poids corporel supplémentaire que les chevaux. - - Cette différence pourrait être attribuée à une capacité potentiellement accrue des poneys à digérer la fibre et la NDF, ce qui pourrait leur permettre de consommer plus de fourrage avant d'atteindre la limite de leur capacité gastro-intestinale. - - Le rôle de l’environnement - - L'accès au pâturage est un facteur de gestion qui influence la consommation. Les résultats suggèrent que les chevaux qui broutent au pâturage ont tendance à manger moins de foin que ceux gardés au box. Les modèles de prédiction ont montré que les animaux qui ne consommaient pas de pâturage mangeaient 2,86 kg/j de plus de fourrage sec. Une hypothèse est que les chevaux au box pourraient augmenter leur consommation en raison de l'ennui, car ils ont un écart important dans leur budget temps par rapport aux animaux au pâturage qui passent jusqu'à 60 % de leur temps à brouter. - - Implications pratiques pour le vétérinaire équin et la formulation de régimes - - Les équations développées dans cette méta-analyse offrent une méthode fiable pour prédire la VFDMI, ce qui est particulièrement utile pour les propriétaires, les vétérinaires et les nutritionnistes équins. La capacité à estimer la quantité exacte de fourrage consommée est essentielle pour la formulation correcte des régimes alimentaires. - - Pour une application clinique et pratique, les chercheurs indiquent que les modèles utilisant la Protéine Brute (CP) comme indicateur de la qualité du fourrage (Modèles 1 et 3) sont les plus prometteurs et les plus robustes. Ils sont moins affectés par l'élimination de l'effet aléatoire (variations inter-études), ce qui signifie que les facteurs fixes (CP, taille de l'animal, accès au pâturage) expliquent une plus grande partie de la variation de la VFDMI. - - Mise en pratique : - - Pour appliquer ces nouvelles équations de manière efficace et garantir que les besoins nutritionnels sont satisfaits, le vétérinaire équin et le gestionnaire doivent intégrer les données suivantes : - - 1. Le poids corporel (BW). - - 2. La catégorie de taille (cheval ou poney). - - 3. Le type de fourrage dominant (graminée ou légumineuse). - - 4. Le statut de pâturage (l'animal broute-t-il ou mange-t-il du fourrage conservé/coupé en stalle ?). - - 5. Le contenu exact en CP ou NDF du fourrage (bien que cela soit parfois difficile à obtenir, c'est un facteur critique). - - En intégrant ces facteurs dans l'élaboration du plan alimentaire, les professionnels peuvent s'assurer qu'ils fournissent la quantité suffisante de fourrage pour leurs chevaux, limitant ainsi les risques de déséquilibre métabolique et d'obésité. - - Perspectives futures - - Bien que ces équations quantifient de manière significative l'influence de facteurs bien établis (taille et qualité du fourrage), de futures recherches devraient se concentrer sur l'effet de la digestibilité et du taux de passage des aliments sur la VFDMI, ainsi que sur l'impact potentiel de niveaux d'exercice plus intenses (modéré à lourd) sur la consommation - - - - Source : E.M. Leishman, M. Sahar, S. Cieslar, P. Darani, J.L. Ellis, What the hay: predicting equine voluntary forage intake using a meta-analysis approach, animal, Volume 18, Issue 9, 2024, 101266, ISSN 1751-7311, - - https://doi.org/10.1016/j.animal.2024.101266. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1751731124001976?via%3Dihub - -